mardi 1 juin 2010

Le manque récurrent de ponctualité chez les congolais

D'entrée de jeu, soulignons le principe que le manque de ponctualité n'est pas une spécificité congolaise. On décèle ce fléau chez l'africain en particulier et chez les gens des pays sous-développés en général.

LE RETARD CHEZ LE CONGOLAIS A UN FONDEMENT CULTUREL

Les congolais ont tendance à banaliser le retard et à considérer ceux qui le sanctionnent comme des intransigeants à la solde d'une culture aliénée. Si Mobutu n'était pas un légendaire retardataire, Laurent-Désiré Kabila a quant à lui eu quelques soucis de ponctualité. Certains racontent que si Kabila le père n'a pu avoir une photo d'accueil officiel sur le perron du palais royal avec le Roi Albert de Belgique, c'est parce qu'il s'est pointé avec plusieurs minutes de retard, alors que le Roi ne pouvait rester debout plus d'un quart d'heure à attendre en hiver. M'zee Laurent-D. K.mérite quelques excuses: il mettait sa sécurité avant le respect du protocole. Son assassinat en janvier 2001 lui a donné raison sur ce point.
Si le retard chez les congolais est culturel,parce qu'il ronge au premier chef la classe sociale la plus influente de la société congolaise :les musiciens au top du hit parade, suivis des politiciens et des enseignants en troisième lieu.Les plus ponctuels d'entre eux restent les créanciers. Ils ont la réputation de faire plus que les occidentaux eux-mêmes, champions de la ponctualité. Les créanciers congolais se pointent plus qu'à l'heure. Ils n'ont pas tort d'exagérer : les stratèges enseignent que celui qui se pointe le premier a la maîtrise du terrain.
Si le retard est donc culturel chez le congolais dans sa manifestation, dans la voie qu'elle emprunte pour devenir une pratique continue( élément matériel), considérée par tous les congolais comme une règle sociale obligatoire(élément psychologique),-ce sont les deux conditions de définition de la coutume par les tribunaux-, le retard est dans le fonds, économique.
Car il existe un lien économique entre la ponctualité et le retard. En principe, le plus ponctuel est celui qui a le plus intérêt au rendez-vous. Les fonctionnaires congolais sont moins ponctuels parce qu'ils ne sont pas payés normalement. Tata ya Lupangu, le propriétaire de logement, vient toujours au rendez-vous à l'heure H parce qu'il a intérêt à percevoir le loyer le premier avant que le locataire ne dépense ses maigres revenus.
Quant aux occidentaux, ils ont une ponctualité légendaire parce que le travail en Occident est rémunéré à l'heure, sinon à la minute. Alors que les congolais sont en général rémunérés au prorata assez faible par rapport à la durée du temps de travail: il en est ainsi des domestiques, des fonctionnaires et même des politiciens ou cadres supérieurs.
IL EXISTE DANS CHAQUE SOCIÉTÉ UN LIEN DE CAUSALITÉ ENTRE LE RESPECT SCRUPULEUX DES HORAIRES PROFESSIONNELS ET LA CULTURE DE PONCTUALITÉ.
A partir du moment où le patron a une durée limitée juridiquement pour profiter de sa main d'œuvre,il exigera d'emblée le respect scrupuleux des horaires. Il en résulte sur le plan culturel un effet social général qui lie le respect de l'horaire du boulot de chacun à celui du rendez-vous de la vie privée. D'où la pertinence politique et culturelle de limiter le temps de travail dans nos codes de la fonction publique et du travail. Or, il est regrettable que le temps tarde à devenir un élément de la valeur économique tout acte et toute entreprise chez le congolais et chez l'africain en général. Un officier des Forces Armées Zaïroises m' a raconté comment le retard de plusieurs heures dans les livraisons de munitions a laissé l'ennemi rwandais attaquer nos positions en premier, anéantissant tous les avantages de l'effet surprise et entraînant des pertes énormes d'effectifs. Or l'attaque de l'ennemi aux environs de Kindu devraient selon le plan de l'état-major, avoir lieu très tôt avant le lever du soleil, alors que le ravitaillement n'était pas encore là avant 7h00.
La limitation scrupuleuse du temps de travail dans les lois congolaises permettra une valorisation de la valeur économique temps en créant chez les opérateurs économiques la rareté du temps. Tant que nos lois, nos cadres dirigeants n'intégreront jamais le temps dans ce que les économistes appellent le coût d'opportunités( c'est la valeur à laquelle on renonce en respectant un rendez-vous),il faut désespérer de gagner toutes les batailles économique,culturelle et même militaire; Concrètement la limitation stricte du temps de travail dans nos lois permettra une valorisation économique et une promotion culturelle au faveur temps en créant chez les opérateurs économiques la rareté. Or, même s'il faut se méfier des adages populaires."ce qui est rare est cher".
Alors, chers compatriotes, vous me demandez la ponctualité ? C'est rare dans mon pays. je vais vous facturer très cher.

MOKE SILUBWE BONA

La guerre de l'eau !